Que nous apprend PISA 2022 ?
Le 5 décembre 2023, le PISA (programme international de suivi des acquis) 2022 a été publié. Il s’agit d’une étude menée tous les trois ans auprès des élèves de 15 ans scolarisés dans de nombreux pays du monde. Les épreuves de PISA durent 3h30. Elles se découpent en quatre parties : d'une part compréhension de l’écrit, culture mathématique et culture scientifique. Puis d’un questionnaire sur le milieu socio-culturel des élèves et leur bien-être dans leur établissement d'autre part. Toutes les épreuves sont anonymes et confidentielles.
PISA est une étude standardisée qui a pour but d’évaluer le niveau global des élèves par pays, mais aussi de déterminer les facteurs extérieurs comme le niveau social ou le genre qui peuvent influer sur les résultats des élèves et ainsi déterminer le niveau d’équité des différents systèmes scolaires. Le PISA 2022 permet aussi d’étudier l’impact de la crise du COVID sur les apprentissages des élèves.
Une baisse générale
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques à l’origine de PISA, les
« résultats 2022 sont les plus bas jamais mesurés ».
La moyenne des pays de l’OCDE perd ainsi 15 points en mathématiques et 10 points en compréhension de l’écrit. C’est, de loin, la plus grande baisse jamais enregistrée entre deux études. Les baisses précédentes n’avaient jusqu’à présent jamais excédé 4 points. Si cette baisse historique peut, selon l’OCDE, largement être imputée à la crise du COVID qui a dégradé les conditions d’enseignement des élèves partout dans le monde, elle ne s’y limite pas. On retrouve la pénurie d'enseignants parmi les autres causes.
La France dans la moyenne de l’OCDE mais une baisse plus prononcée qu’ailleurs
Si la tendance générale est à la forte baisse, la France baisse encore plus qu’ailleurs. Le score français recule de 21 points en mathématiques et de 19 points en compréhension de l’écrit. Cependant, il reste stable en sciences. Cette baisse est notamment due à l’augmentation du nombre d’enfants en grande difficulté. Depuis 2012 la part d’élèves en grande difficulté a augmenté de 6,5 points et à l’inverse la part d’élèves très performants a baissé de 5,5 points. Ces évolutions sont plus marquées en France que dans les autres pays de l’OCDE. Malgré tout, des systèmes éducatifs souvent montrés en exemple comme l’Allemagne, la Norvège ou la Finlande subissent des baisses encore plus fortes que la France.
La première cause de la baisse en France reste, comme dans le reste du monde, la crise du COVID. Cependant la France est particulièrement touchée par la pénurie de professeurs qui a bondit de 50% depuis 2018. La France est aussi très mauvaise élève dans le soutien des élèves en difficulté. L’OCDE estime que les professeurs sont mal préparés au soutien des élèves.
Les élèves français sont plutôt épanouis
Il n’y a cependant pas que du négatif dans l’étude PISA sortie en décembre. On y apprend notamment que les collégiens ou lycéens français sont plutôt épanouis dans leurs établissements. Ils sont ainsi 80% à déclarer se faire facilement des amis à l’école et 73% à se sentir à leur place dans leur établissement. Les élèves sont aussi moins stressés par les mathématiques qu’ils l’étaient par le passé. En 2003 et 2012, les élèves français faisaient partie des élèves les plus anxieux de l’OCDE vis-à-vis des mathématiques. En 2022, ils sont dans la moyenne de l’OCDE. On observe aussi bien une baisse du niveau d’anxiété des élèves français qu’une hausse du niveau d’anxiété global. Le score moyen de satisfaction des élèves français est de 6,77/10 soit légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE à 6,75/10.
Seulement 46% des élèves français pensent que leur intelligence peut se développer contre 58% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
1 enfant sur 10 vit en-dessous du seuil de pauvreté en France.
L’origine sociale prépondérante dans les résultats des élèves
Et la France ne s’illustre pas dans la lutte contre les inégalités sociales. En effet, le compte-rendu de l’OCDE affirme:
« La France est toujours l'un des pays de l'OCDE où le lien entre le statut socioéconomique des élèves et la performance qu’ils obtiennent au PISA est le plus fort».
Si ça ne s’est pas aggravé entre 2012 et 2022, ça ne s’est pas amélioré non plus. Ainsi l’écart entre les résultats des enfants issus d’un milieu socio-économique favorisé et des enfants d’un milieu socio-économiques défavorisé est de 113 points en mathématiques soit un des plus grands écarts enregistrés dans les pays de l’OCDE. Seulement 7,4% des élèves « défavorisés » se classent dans le quart des élèves le plus performants contre 10,2% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
L’implication des parents a nettement baissé
Une autre information notable est que l’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants a nettement baissé entre 2018 et 2022. L’étude explique: « En 2022, 24 % des élèves étaient scolarisés dans des établissements dont le directeur ou la directrice a déclaré qu'au cours de l'année scolaire précédente, au moins la moitié de toutes les familles ont discuté des progrès de leur enfant avec un enseignant de leur propre initiative (et 43 % à l'initiative de l'enseignant). En 2018, le chiffre correspondant était de 36 % (et 62 %). »
On observe donc des parents qui s’éloignent des institutions scolaires d’où l’importance d’outils performants qui créent le lien entre les écoles et les familles.