Singapour est souvent cité en exemple pour la qualité de son système éducatif, reconnu pour ses résultats exceptionnels dans les classements internationaux tels que le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) et notamment en mathématiques. Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’éducation nationale avait même souhaité imposer “la méthode Singapour” en mathématiques dans les écoles primaires. Ce succès repose sur un système rigoureux, structuré, et hautement compétitif, qui a su évoluer au fil des décennies pour devenir l’un des meilleurs au monde mais qui connait aussi certaines limites. Partons à la découverte de ce modèle afin d’en comprendre les points forts et les points faibles.
Bref historique du système scolaire singapourien
Après son indépendance en 1965, Singapour a rapidement compris l’importance de l’éducation pour son développement économique. Le gouvernement a investi massivement dans la construction d’écoles, la formation des enseignants et l’élaboration d’une scolarité structurée. Au fil des années, des réformes ont été introduites pour répondre aux besoins d’une économie en évolution rapide, avec un accent sur les STEM (sciences, technologies, ingénierie, et mathématiques) et l’apprentissage des langues. En 2005 le ministère de l’éducation de Singapour lance l’initiative “Teach less, learn more” pour améliorer la qualité de l’enseignement dans ses établissements. Les réformes menées ont pour but de s’assurer que toutes les écoles du pays ont les ressources adéquates pour développer des programmes personnalisés pour les élèves, améliorer les compétences des enseignants, encourager l’innovation et favoriser le lien entre les écoles et la communauté. En 2018, le programme “Learn for life” permet plus de flexibilité dans la façon d’enseigner, d’apprendre et d’évaluer. Le gouvernement singapourien investit 14% de son budget dans l’éducation contre 10,4% en France.
Fonctionnement du système scolaire
Le système scolaire à Singapour est divisé en plusieurs niveaux :
- Éducation préscolaire (3 à 6 ans) : Les enfants peuvent fréquenter des jardins d’enfants avant de commencer l’école primaire. En 2021, 92% des enfants singapouriens fréquentaient un jardin d’enfants.
- Éducation primaire (6 à 12 ans) : Un cycle de six ans obligatoire. Le primaire se termine par le Primary School Leaving Examination (PSLE), un examen national qui détermine l’orientation vers l’enseignement secondaire. Environ 95% des élèves singapouriens sont scolarisés à l’école publique.
- Éducation secondaire (12 à 16-17 ans) : Les élèves sont orientés vers des parcours académiques ou techniques en fonction de leurs résultats au PSLE.
- Enseignement postsecondaire : Ce niveau comprend les collèges juniors (pre-university), les polytechniques, et les instituts techniques.
Devenir professeur des écoles à Singapour
Pour devenir enseignant à l’école primaire à Singapour, il faut d’abord obtenir un diplôme dans une matière pertinente comme la littérature, les langues vivantes, les maths ou le sciences puis suivre une formation spécialisée au National Institute of Education (NIE), qui est l’unique institution de formation des enseignants à Singapour. Cette formation comprend des cours théoriques et des stages pratiques. Les futurs enseignants sont également préparés à la gestion de classe et à l’usage des technologies éducatives. Au bout de deux ans de formation ils obtiennent un diplôme en éducation, indispensable pour enseigner à Singapour.
Salaire d’un enseignant d’école primaire à Singapour
Le salaire des enseignants à Singapour est compétitif par rapport à d’autres professions ou d’autres pays. Un enseignant débutant à l’école primaire peut gagner environ 3 500 SGD par mois (environ 2 300 euros), et ce salaire augmente avec l’expérience et les qualifications, pouvant atteindre 7 000 SGD (environ 4 600 euros) pour un enseignant expérimenté. En plus du salaire de base, les enseignants peuvent recevoir des primes en fonction de leur performance et de leur contribution à l’école.
Le ratio élèves-enseignant
À Singapour, le ratio élèves-enseignant est relativement bas comparé à d’autres pays développés, avec environ 16 élèves par enseignant dans les écoles primaires car les enseignants sont deux par classe. Dans ce qui correspond à notre école maternelle, les classes ont entre 25 et 30 élèves avec deux enseignants et en élémentaire entre 25 et 35 avec également deux enseignants par groupe.
Ce ratio favorable permet un enseignement plus personnalisé et une meilleure gestion de classe, contribuant ainsi à de meilleurs résultats académiques.
Le bien-être des élèves et des enseignants
S’il est extrêmement performant grâce à une structure claire et rigoureuse qui permet aux élèves d’avoir une vision claire dès le primaire, le système éducatif singapourien est souvent critiqué pour la pression intense qu’il exerce sur les élèves. Le fort accent mis sur les examens et la compétition peut engendrer du stress, tant chez les élèves que chez les enseignants. De nombreux parents investissent dans des cours de soutien privés, augmentant ainsi la charge de travail des élèves. Le recours très répandu à ces cours creusent aussi les écarts de performance entre les élèves issus de milieux favorisés et les autres. De plus, le parcours scolaire est fortement déterminé par les résultats aux examens, limitant parfois les possibilités pour les élèves qui ne réussissent pas dans un cadre académique traditionnel.
Le gouvernement singapourien a commencé à mettre en place des mesures pour améliorer le soutien à la santé mentale dans les écoles et réduire la pression liée aux examens. Ces initiatives incluent des programmes de sensibilisation à la santé mentale, l’accès à des conseillers scolaires, et des efforts pour réduire la stigmatisation autour des problèmes de santé mentale.
Les enseignants, quant à eux, font face à des attentes élevées en matière de performance, ce qui peut parfois nuire à leur bien-être. Cependant, le gouvernement de Singapour a pris conscience de ces enjeux et a rapidement réagit. Il a ainsi introduit des initiatives pour améliorer le bien-être des élèves et des enseignants, telles que la réduction du nombre d’examens au niveau primaire ou des programmes de développement professionnel pour les enseignants. Le gouvernement met aussi un fort accent sur la formation continue des enseignants et sur l’innovation pédagogique.
Des réussites et des défis
Le système scolaire de Singapour est sans aucun doute un modèle d’excellence, mais il n’est pas exempt de défis. La pression intense et l’accent mis sur les résultats académiques soulèvent des questions sur le bien-être des élèves et des enseignants. Cependant, les efforts récents du gouvernement pour rééquilibrer ces aspects montrent une volonté d’améliorer encore un système déjà performant dans le meilleur intérêt des élèves et des enseignants.
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