”Je vais y arriver” “Je suis forte” “Je suis beau” “Je vais faire de mon mieux” “Je vais passer une belle journée”. Vous avez sûrement déjà vu sur Instagram ou sur TikTok des enseignants, notamment anglophones, qui postent des vidéos d’élèves scandant ces mantras face à un miroir. Les affirmations positives sont des phrases ou des déclarations qui sont formulées de manière à favoriser un état d’esprit positif et à renforcer la confiance en soi. Elles sont souvent considérées comme un outil puissant pour renforcer l’estime de soi et encourager un comportement positif à l’école. Si cette pratique semble plutôt positive et inoffensive, elle peut cacher des limites qui méritent d’être explorées.
Les affirmations positives, qu’est ce que c’est ?
Le concept des affirmations positives correspond à un courant du développement personnel basé sur l’idée qu’avoir un discours positif sur soi-même peut renforcer la confiance et l’estime de soi. ll s’agit ainsi de se dire à soi-même une phrase positive et motivante pour se débarrasser des idées négatives qui peuvent entraver le développement et les apprentissages.
Selon certains chercheurs, avoir recours à la pensée positive auprès des enfants permettraient qu’ils obtiennent de meilleurs résultats scolaires, dorment mieux ou se fassent plus facilement des amis.
Ce n’est pas si simple que cela.
Pour que la pensée positif ait un impact sur les personnes, il faut qu’elles croient à ce qu’elles affirment. Une exposition superficielle aux affirmations positives peut donc être délétère.
Quelles sont les limites des affirmations positives ?
Si les affirmations positives peuvent renforcer la confiance en eux des enfants, elle ne peut pas faire de miracles. Un enfant qui, par exemple, ne se trouve pas beau ou pense qu’il est nul en maths n’arrivera pas à inverser ces affirmations en se répétant l’inverse. Au contraire, répéter une affirmation positive à laquelle on ne croit pas peut même aggraver le manque de confiance en soi et mettre en exergue le fait qu’on ne croit pas en soi. Un enfant en difficulté dans un domaine d’apprentissage aura ainsi besoin de beaucoup plus d’étayage pédagogique et de soutien que de simples affirmations pour reprendre confiance en lui dans ce domaine.
Par ailleurs, en se concentrant uniquement sur le côté positif des choses, les enfants peuvent avoir du mal à reconnaître et à gérer les échecs et les difficultés de manière constructive. Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology en 2013 a montré que les enfants qui étaient constamment exposés à des affirmations positives pouvaient développer une faible tolérance à l’adversité et une incapacité à faire face à l’échec.
Les affirmations positives peuvent également encourager la “pensée magique” chez les enfants. Ils croient alors que la simple pensée positive peut tout résoudre. Cela peut les rendre moins susceptibles de prendre des mesures concrètes pour surmonter les obstacles. Une étude menée par Thomas Mueller en 2012 a montré que les enfants exposés de manière excessive à des affirmations positives pouvaient avoir une vision déformée de la réalité et être moins susceptibles de faire preuve de persévérance face à l’adversité.
Les affirmations positives : à utiliser avec modération
En conclusion, si les affirmations positives peuvent représenter une stratégie séduisante pour renforcer l’estime de soi et encourager un comportement positif chez les enfants, elles comportent des limites importantes à prendre en compte. Une approche plus équilibrée qui reconnaît et valide les expériences réelles des enfants permettrait un développement plus sain et épanoui. Plutôt que de remplir l’esprit des enfants de mots vides de sens, il s’agit de créer un environnement encourageant la croissance personnelle authentique et la résilience face aux défis de la vie.
Les affirmations positives ne constituent pas une solution miracle et peuvent avoir des limites. Elles doivent être utilisées de manière consciente et en conjonction avec d’autres pratiques de renforcement positif pour obtenir des résultats durables.
Pratiquez-vous les affirmations positives ? Seront-elles au programme des cours d’empathie voulus par le premier ministre Gabriel Attal ?